Psychodrame psychanalytique


Psychodrame analytique

Ayant d’abord utilisé l’expression théâtrale comme médiation thérapeutique en psychiatrie adulte avec des patients hospitalisés, puis formé des infirmiers en psychiatrie à cette médiation (à l’IFSI du groupe hospitalier Paul Guiraud de Villejuif), j’ai ensuite conduit des groupes de jeu dramatique avec des enfants en institution médico-éducative (notamment à l’IMED de Claye Souilly).

Sollicitée pour prolonger cette pratique dans un autre établissement, et confrontée à des adolescents, j’ai opté pour une formation au psychodrame psychanalytique.

J’ai ensuite pratiqué le psychodrame psychanalytique de groupe durant 15 années en institut médico-Educatif à Nanterre, puis supervisé des thérapeutes utilisant le psychodrame psychanalytique individuel. J’accompagne, entre autres, depuis 10 années une équipe de thérapeutes d’un I.M.E. (Centre Excelsior, Le Raincy).


QU’EST-CE QUE LE PSYCHODRAME THÉRAPEUTIQUE ?

Créé il y a presque une centaine d’années par J.L. Moreno, celui-ci prend appui sur la théorie de la catharsis, sur l’utilisation des rôles et la spontanéité, ainsi que sur la dynamique des groupes, pour proposer une thérapie qui permette à un patient de s’exprimer par le corps, le mouvement et le jeu.
Cette méthode s’est grandement inspirée du théâtre pour ensuite s’en éloigner et concevoir sa propre « grammaire ».


QU’EST-CE QUE LE PSYCHODRAME PSYCHANALYTIQUE ?

Il utilise la méthodologie du psychodrame pour l’engagement du corps, le jeu avec d’autres, et la spontanéité, mais il prend appui sur la technique et la théorisation psychanalytiques pour la libre association d’idées, le déploiement des fantasmes et des désirs inconscients, les conflits intra-psychiques et inter-subjectifs et leur représentation. La prise de conscience de ces désirs et conflits, point de départ de leur élaboration, permet une évolution de la vie affective et relationnelle du sujet.

Dans le psychodrame psychanalytique de groupe, plusieurs patients sont accueillis (souvent des adolescents) par deux psychanalystes (une femme et un homme) assistés d’un ou de plusieurs co-thérapeutes.
Dans le psychodrame psychanalytique individuel, il y a un seul patient, plusieurs co-thérapeutes qui participent au jeu, et un psychanalyste-meneur de jeu qui reste extérieur à la scène jouée et est garant du cadre ainsi que du bon déroulement de la séance.


LE CADRE

Les séances de psychodrame sont hebdomadaires et se déroulent à un horaire fixe, toujours dans le même lieu. Lorsque des enfants ou des adolescents sont accueillis, comme c’est souvent le cas, la temporalité des séances peut se calquer sur leur calendrier social, ce qui permet d’éviter un absentéisme dû aux vacances scolaires.

La durée d’une séance de psychodrame de groupe est d’une heure, tandis que celle d’un psychodrame individuel est souvent d’une demi-heure.

Dans les deux cas, le psychanalyste demande au patient de proposer un thème, c’est à dire une idée de scène qu’il souhaiterait jouer, puis de distribuer des rôles à ses partenaires de jeu. Vient ensuite le moment du jeu lui-même qui s’effectue de manière spontanée et peut, de ce fait, légèrement varier par rapport au scénario annoncé. Le meneur de jeu donne le signal de départ et d’arrêt du jeu et peut faire intervenir d’autres protagonistes ou proposer des variantes, dans l’intérêt thérapeutique du patient (« double », « inversions des rôles » etc.). Le dernier temps de la séance désigné comme reprise permet au patient d’exprimer son ressenti sur le jeu, et à l’analyste de faire des observations, voire des esquisses d’interprétations, mobilisant des réflexions chez le patient.


LES INDICATIONS

Le psychodrame psychanalytique est une excellente indication thérapeutique dans les cas de forte inhibition de pensée et de parole empêchant la psychothérapie classique, ou lorsque la décharge pulsionnelle et l’agir tiennent lieu de pensée. C’est pourquoi les adolescents en difficulté sont un public très privilégié pour ce type d’approche.

Les personnalités psychotiques, de par les processus de clivage et de projection de leur fonctionnement psychique, bénéficient particulièrement du dispositif psychodramatique, et trouveront là un moyen de « rassembler » les parties éclatées de leur Moi. Le psychodrame psychanalytique possède des vertus intégratives que j’ai eu l’occasion de voir à l’œuvre un nombre incalculable de fois.


L’INTÉRÊT THÉRAPEUTIQUE

Outre la fonction intégrative soulignée ici, la mise en mouvement du corps par le jeu ainsi que l’échange spontané avec des partenaires confère au psychodrame un statut propice à la libération des affects et à la redynamisation de la vie psychique.

La vie affective devient à la fois plus accessible et moins débordée, les capacités de contenance émotionnelle du sujet s’en trouvant améliorées.

La mise en représentation, par une personne, des scènes du quotidien, ou de ses fantasmes conscients et inconscients, favorisera chez elle un fonctionnement plus actif dans la globalité de sa vie.

La « dramatisation » de ses affects intimes et de ses conflits intérieurs par le jeu spontané durant la séance, lui permet une prise de conscience de ceux-ci.
Une « mise en sens » advient, malgré les éléments épars et désorganisés déployés dans les scènes. Une élaboration et un accès aux processus de symbolisation sont alors envisageables.

Un remaniement des relations familiales ou avec les pairs est toujours de mise au cours d’un processus thérapeutique par le psychodrame, celui-ci pouvant se dérouler sur plusieurs années.
Une nouvelle organisation psychique voit le jour, et ceci malgré le chaos parfois très important du départ. Des jeunes, présentant une inhibition intellectuelle majeure, ou complètement débordés par leurs pulsions, découvrent la parole et sont ensuite en mesure de l’utiliser pour trouver de l’aide.

Une plus grande fluidité psychique et une meilleure structuration de la personnalité conduisent parfois certains à souhaiter une psychothérapie individuelle.

Dans tous les cas, le déploiement des scènes psychiques intérieures, souvent confuses, aura amélioré les capacités de représentation, remanié les mécanismes de défenses contre l’angoisse, renforcé les bases narcissiques du sujet et apporté une meilleure circulation libidinale et affective.

Sans oublier la part d’imaginaire, toujours invitée en psychodrame, et qui stimule les capacités créatives si nécessaires dans toute vie humaine.