Ce texte est une première esquisse d’une clinique psychanalytique de l’accouchement à partir de cette théorisation des images du corps dans la vie psychique.

Je souhaite qu’il puisse rencontrer, dans l’altérité, le point de vue et l’expérience de cliniciens qui ont été amenés à se tenir auprès de femmes s’interrogeant sur cet avènement, de femmes blessées par cette épreuve douloureusement traversée, ou d’autres qui, devenant grands-mères comme Monette, ont pu réélaborer cette question restée en souffrance pour elles depuis si longtemps, et ainsi intervenir sur le destin des générations à venir.

L’accouchement d’une femme et la naissance d’un enfant est une histoire de passage de générations. Pour certains, franchir cette étape en se rapprochant davantage de leur destin de mortel, est difficile et risqué.

Si l’accouchement s’est tenu pendant tant d’années dans le gynécée, notre époque a effectué une révolution en faisant entrer les hommes auprès de la parturiente, hommes qui pratiquent les gestes de l’accouchement, homme amant et mari se tenant au plus près de la femme qui accouche, homme géniteur et père pour l’enfant qui arrive. Cette mutation dans l’histoire de l’humanité est à penser dans toute sa fécondité.

Nous avons vu avec Monette que la fonction tierce est, dès ce moment fondateur, éminemment structurante. Quand un tiers bienveillant se tient vraiment là, auprès de la femme, et entre la mère et l’enfant, les fantasmes d’entre dévoration se trouvent immédiatement atténués, et une inscription symbolique peut avoir lieu sous les meilleurs augures.

L’amorce d’élaboration théorico-clinique ici présentée est un support pour poursuivre la réflexion. De nombreuses données propres à la position de l’accouchée n’ont pas trouvé place dans cet écrit et seront explorées par ailleurs. La bipolarité passivité-activité dans cette situation d’accouchement, est une question qui convoque particulièrement les images du corps et sera traitée ultérieurement. D’autres présentations cliniques approfondies complèteront cette approche.

Un regard porté sur l’accouchement dans nos mythes fondateurs ouvrira également d’autres perspectives.

Je souhaite que des repères théoriques différents rencontrent ceux évoqués ici pour penser une clinique de l’accouchement fertile et plurielle, et j’appelle de mes vœux que cette théorisation des images du corps dans la vie psychique trouve de multiples espaces cliniques à défricher.

Une ligne de crête si fine sépare l’accouchement d’une femme, de la naissance de son enfant que s’y maintenir en équilibre est une prise de risques à partager. L’art du funambule peut soutenir nos pas, et nous permettre de progresser avec délicatesse et précaution, sur ce fil ténu par delà l’horizon.


Remerciements

Je remercie chaleureusement toutes mes patientes, « Monette » en particulier, dont la parole et la vie fantasmatique ont irrigué cette réflexion.

Toute ma gratitude à mes chères amies pour leur soutien et leur attention portée à ce travail.

Mes remerciements à Julie Navarre dont la création du documentaire radiophonique «Etsev : ce qu’accoucher veut dire» diffusé sur France-Culture le jeudi 14 Octobre 2010, dans l’émission « Sur les docks » a croisé cette écriture.

Je remercie enfin L. et U. Richard pour leur accompagnement, leur disponibilité et leur assistance technique indispensable.